Le Racket
La rue et le racket
La rue où marchaient père et fils était pleine de troues, de boue et de cailloux. D’ailleurs, presque toutes les rues de ce coin ignoré ont ceci de commun : elles sont impraticables. Quand on les traverse, on a le sentiment de fouler les siècles. C’est la marque du temps et de l’histoire, la preuve que rien ne change. C’est aussi le produit de la succession des saisons ; pluie, chaleur, vent, neige, grêles…etc.
Impardonnable celui qui croit, à tord, à la manière des gauchistes, que cet état des choses, serait le résultat d’un racket organisé par les fonctionnaires de la monarco-démocratie. Ceux-là sont investis d’une mission suprême ; sauvegarder le patrimoine du bled et le protéger des intempéries et de l’usure en investissant l’argent que le peuple leur a confié.
Toutefois, il peut leur arriver, parfois, quand le peuple est endormi – et c’est souvent le cas – de se trouver particulièrement démunis face à un problème d’ordre mathématique. Tous n’ont pas fait des études supérieures. On le leur pardonne. Ils savent pourtant que toute rénovation implique un investissement et que toute investissement les empêcherait de s’enrichir. Or s’enrichir est bien ce pourquoi ont-ils été élus ! Comment pourraient-ils résoudre cette équation ? Dieu seul le sait !
Plus tard, le fils comprendra que si ses rues sont dans cet état, c’est qu’il n’y avait pas assez de villas, de châteaux, pas assez d’argent pour enrichir ses élus. Chez lui, on n’élit pas un dignitaire si on n’est pas capables de l’entretenir et le hisser au niveau des grands de ce monde. Chez lui, le peuple n’élit pas n’importe qui. On a beau lui reprocher son ignorance et sa rationalité limitée, ou même quasiment absente, mais lui n’élit que ceux qui peuvent s’enrichir rapidement pour le représenter quand lui n’est plus qu’un souvenir lointain. Le peuple dormant.
C’est ce peuple qui, un jour, décide de s’octroyer un parlement et des municipalités. Il sait que, pour ce faire, il lui faut élire des gens consciencieux, matures et reconnus pour leur droiture et amour du peuple. Ces derniers doivent servir la nation et mettre en avant l’intérêt général. Ils ne doivent penser qu’à l’intérêt du peuple du matin au soir, et même une bonne partie dela nuit. Ilsdoivent faire la prière tous les jours pour que Dieu les aide – puisqu’ils n’arriveront jamais tout seuls – à oublier, du moins pour un moment, l’amour de soi, l’égoïsme et le racket.
C’est ce peuple et ce sont ses serviteurs !
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